Les Ogres de Barback Moi je

J'ai toujours su que j'allais te perdre,
moi qui ne supporte pas le bonheur,
moi qui ai toujours tout gâché,
j'ai toujours su que tu partirais...
Et si je suis insupportable,
méchant, capricieux et médisant,
J'ai toujours su que j'allais te perdre,
moi qui ne supporte pas le bonheur,
moi qui ai toujours tout gâché,
j'ai toujours su que tu partirais...
Et si je suis insupportable,
méchant, capricieux et médisant,
c'est que depuis l'âge du cartable,
je n'ai jamais pu supporter les gens.
Ceux qui emportent le sort
de cette maudite race humaine,
en se disant que l'amour est fort
et, de surcroît, il vaut mieux que la haine.
Moi qui ai toujours tout gâché,
moi qui ne supporte pas le bonheur...
toi qui voulus des enfants,
moi qui n'en aurai jamais,
moi qui n'ai jamais eu ton cran,
moi qui savais que tu partirais !
J'ai toujours su que j'allais te perdre,
qu'un jour tu serais trop usée,
que tu ne supporterais plus l'herbe
que je coupe sous tes pieds.
Tu as choisi un autre que moi
pour continuer ton chemin
que tu mènes du bout de ta croix,
moi qui n'ai jamais cru en rien.
Un autre se promène à ton bras,
je suis seul et je comprends enfin
ta colère et ton désarroi,
moi qui n'ai jamais pris ta main !
J'ai toujours su que tu partirais,
que tu ne supporterais plus mes avis sur tout,
sans arrêt, et mes réflexions mal venues.
Je n'étais pas contre le bonheur
mais lui m'a tant et tant déçu
qu'il en a transformé mon cœur
en un bloc d'idées reçues !
Que cet homme que je méprise,
qui se pend aujourd'hui à ton cou,
a sur le bonheur de l'emprise, du talent !
Et pour finir, j'avoue qu'il vaut cent fois ma conscience,
mon désespoir et mes regrets,
qu'il a mille fois ma patience,
moi qui savais que tu partirais !
J'ai toujours su que j'allais te perdre,
moi qui ne supporte pas le bonheur,
moi qui ait toujours tout gâché,
moi qui savais que tu partirais...